Fête de la multiplication des pains et des poissons sur le lac de Tibériade
2024-11-14 09:22:10
Le samedi 9 novembre, l'église bénédictine de Tabgha a vu défiler une multitude de pèlerins. Malgré la guerre et les incertitudes, les chrétiens de Galilée ont été en ce jour le signe d'une présence prophétique, qui perdure dans l'épreuve, manifestant le sens ultime de cette valeur dont saint Benoît a fait un pilier de sa règle : la « stabilité ».
De même que les moines s'engagent à ne jamais abandonner le lieu où le Seigneur les a appelés à demeurer, signe de leur enracinement dans le Christ et dans l'Église, de même les chrétiens de Terre Sainte sont fidèles à leur vocation de membres vivants du Corps mystique – et ce malgré un contexte difficile, celui dans lequel ils sont nés. Car ce contexte, ne l’oublions pas, est le même que celui dans lequel Jésus est né et a vécu, sur cette terre où le Verbe de vie s'est fait chair et a été offert comme pain rompu sur l'autel du monde.
NADER KARRAM
Nazareth
« Pour moi, cette église revêt une signification particulière, parce que nous y avons grandi. Mon fils aîné y a été baptisé. C'est un endroit spécial, surtout en ces jours très difficiles, avec tout ce qui se passe. Il est très important de faire comprendre que notre présence importe, que nous sommes enracinés dans ce territoire et que nous n'avons pas fui. Il est très important que nous soyons ici. »
SHADI DWEIRY
Nazareth
« Je m'appelle Shadi Dweiry et je viens de Nazareth. Mon père s'appelle Khalil. C'est lui qui a construit cette église, il y une quarantaine d’années. Depuis, nous venons ici chaque année pour célébrer cette messe. Et la tradition veut que, tout comme mon père nous a amenés ici, nous y amenions nos enfants. C'est une joie d'être ici, nous aimons beaucoup cet endroit. L'atmosphère qui y règne est magnifique. Nous avons été baptisés dans cette église, et nous y avons baptisé nos enfants. »
KATTY DWEIRY
« C'est un véritable défi que d'être ici en ces temps difficiles. Mais je pense que même dans de telles situations, le seul véritable besoin que nous ayons est celui de la foi en Dieu. C'est pourquoi nous sommes heureux de pouvoir célébrer cette messe. Nous venons ici chaque année, et nous serons encore là l'année prochaine. »
P. NIKODEMUS SCHNABEL,osb
Abbé de la Dormition à Jérusalem
« Aux chrétiens en particulier, je voudrais dire très clairement, mais aussi avec une certaine tristesse, qu’il faudrait faire preuve de plus de solidarité, de plus d’entraide. J’ai l'impression que le monde juif fait preuve d'une profonde solidarité avec les frères et sœurs juifs qui vivent ici, que le monde musulman fait preuve d'une profonde solidarité avec les frères et sœurs musulmans qui vivent ici. Le monde chrétien, qui est le plus grand et le plus étendu de ces mondes, pourrait faire un peu plus. J'aimerais qu'il y ait plus de solidarité et plus de courage, ne serait-ce qu’en venant en pèlerinage ici. Venez, s'il vous plaît. Des pèlerinages peuvent être organisés. Les circonstances sont peut-être incertaines, mais il y a des vols. Les gens peuvent venir. »
KHALIL DWEIRY
Architecte de l'église de Tabgha
« Je considère cet endroit comme ma maison. J'ai construit cette église en 1979. Cela m'a pris trois ans. »
La multiplication des pains et des poissons parle d'un Dieu qui prend la pauvreté de l'homme et la transforme en un principe inépuisable de partage. Jésus révolutionne la logique de la domination et celle de l'oppression, Il écoute la faim de vie qui dévore les hommes et y répond en s'offrant tout entier dans l'Eucharistie, qui est le signe le plus élevé et le plus accompli de l'amour. Aujourd'hui, les chrétiens de Terre Sainte ont besoin de voir l'amour et la solidarité de leurs frères en Christ, ils ont besoin de voir que les chrétiens n'ont pas peur de venir dans les lieux saints.
P. NIKODEMUS SCHNABEL,osb
Abbé de la Dormition à Jérusalem
« Peut-être nous sentons-nous faibles en ces moments. Sans personne pour nous aider. Mais regardez la situation décrite par l'Évangile. 5 000 personnes affamées, sans ressources. Et Jésus trouve la solution dans un enfant qui n'a que cinq pains et deux poissons. Il dit : "Venez, partageons". C'est pour moi le signe de l'amour. Cet enfant n'a d'autre pouvoir que celui de l'amour. Souvent, cette pensée politique, ces puissances du monde avec leurs armes, ne voient même pas la vraie puissance, la puissance de Dieu et de Son amour, en laquelle nous avons confiance. La puissance du don et du pardon. J'en suis sûr, c'est ma certitude et mon espérance, Jésus est avec nous maintenant, attentif à notre faim et à notre soif de paix. »
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