Les cris de joie des fidèles qui attendent et qui ont réussi à l'apercevoir par les petites fenêtres latérales s'élèvent déjà quelques secondes avant que la flamme du feu sacré ne sorte de l'édicule du Saint-Sépulcre. C'est le moment le plus attendu de Pâques pour les chrétiens orthodoxes de Jérusalem : la lumière qui, selon la tradition, est prodigieusement allumée à l'endroit où Jésus a été enterré, illumine bientôt toute la basilique. La très ancienne célébration du Samedi Saint pour les Eglises qui suivent le calendrier oriental, le calendrier julien, combine la liturgie avec des moments de fête populaire. Le matin, le Sépulcre, dépourvu de toutes les décorations que l'on trouve habituellement à l'intérieur, est fermé par un sceau de miel et de cire. La basilique se remplit, les fidèles du quartier chrétien arrivent avec leurs chants, tandis que les scouts jouent dans les rues de la vieille ville. Le patriarche grec-orthodoxe, Theophilos III, fait trois tours autour du sanctuaire du Sépulcre, d'où il sortira avec le feu sacré. Après lui défilent aussi, vêtus des habits les plus précieux, les chefs des Églises orthodoxes arménienne, syriaque et copte. En quelques minutes, les rues sont remplies de torches et de bougies, les petites flammes ou les grandes torches passent de main en main jusqu'à ce qu'elles atteignent les maisons et toutes les personnes qui se déversent dans les rues pour faire la fête. Mais la lumière arrivera dans quelques heures beaucoup plus loin : à la porte de Jaffa, une file de voitures en attente apportera à l'aéroport de Tel Aviv les lanternes qui, grâce à des vols charters spéciaux, atteindront les capitales des pays orthodoxes, de la Grèce à la Russie, de la Pologne à l'Ukraine. Toutes les Eglises orthodoxes devront attendre l'arrivée du feu de Jérusalem avant de pouvoir commencer à célébrer la veillée pascale le soir.