L'automne est la saison d'une récolte très particulière pour la Terre sainte : celle des olives. C'est l'époque où elles changent de couleur, passant du vert clair au noir, au violet et au vert foncé. Et c'est précisément à Jérusalem, sur la montagne connue sous le nom de « Mont des Oliviers », dans le couvent et les jardins potagers des moniales bénédictines, que nous avons rencontré des « agriculteurs solidaires », pleins d'histoires d'amitié et de dialogue interreligieux. YISCA HARANI Chercheuse juif sur l'histoire du christianisme « Ce lieu est pour moi très significatif, car c'est pratiquement ici qu’est née mon amitié, ma relation avec le dialogue interreligieux. Il y avait ici auparavant une mère supérieure qui parlait hébreu ; comme je voulais que mes élèves, qui étudient le christianisme, aient une expérience concrète de cette religion, je me suis tournée vers elle. Je suis juive et j'enseigne le christianisme, et je dis toujours qu'il ne suffit pas ici d’enseigner ; il faut rencontrer. Sr. MARIE Bénédictine de Notre-Dame du Calvaire « Pour nous, recevoir cette aide est une bénédiction à deux niveaux. Le premier, très concret, concerne le travail de collecte, car cette année, à cause de la guerre, nous avons manqué de volontaires français ou italiens et des nombreux pèlerins qui ont l'habitude de venir chez nous en octobre ou novembre. Le deuxième, c'est que cette difficulté a stimulé les rencontres et fait grandir l'amitié. C'est un bienfait très apprécié que des Israéliens viennent nous aider grâce à notre amie Yiska. » YISCA HARANI Chercheuse juif sur l'histoire du christianisme « Déjà lors de la pandémie de Covid, l’une des sœurs m'avait demandé de venir, même avec mon mari, pour aider, parce qu'il n'y avait pas de volontaires. J'ai demandé : "avez-vous besoin de bras supplémentaires ?" Et finalement, j’ai amené non seulement ma famille, mais aussi des amis. Puis, petit à petit, c’est devenu un projet collaboratif ; beaucoup d'autres Juifs sont venus à leur tour, heureux d'aider les sœurs. Cette année, elles ont demandé de l'aide pour la troisième fois et nous sommes revenus en grand nombre, avec joie. Sur le mont des Oliviers se trouve également le cimetière le plus ancien et le plus important du judaïsme. Les arrière-grands-parents d'Ysca y sont enterrés et un jour, lors des fêtes juives de commémoration des morts, qui coïncident avec la période de récolte des olives, Ahmad a vu Yisca de loin en train de prier sur leur tombe. YISCA HARANI Chercheuse juif sur l'histoire du christianisme Pour cette mère supérieure, il était important que je travaille également avec les musulmans qui fréquentent le couvent, et c'est ainsi que de nombreuses autres amitiés sont nées, comme avec Ahmad, leur jardinier. « Ce jour-là, j'ai reçu un e-mail des sœurs disant : "Ahmad vous a aperçue et a compris que tes arrière-grands-parents étaient enterrés là. Il va prier pour vous. Aujourd'hui, c'est aussi le jour des morts pour nous ; nous avons donc ajouté votre arrière-grand-père et votre arrière-grand-mère à notre prière des âmes de tous les morts." Voilà, un musulman travaillant pour des sœurs chrétiennes priant pour les morts et priant pour les âmes de mes ancêtres juifs. » Après l'émotion suscitée par ces événements qui, comme les olives, ont subi un processus de transformation devant le mystère de l'histoire humaine, la question se pose également. Où vont les olives après leur cueillette ? Sœur Marie explique que les moines cisterciens viennent les chercher ici au monastère, les trient et les transforment en huile de la meilleure qualité, qui est ensuite vendue dans les magasins du monastère. Sr. MARIE Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire « Notre huile est la meilleure, car elle provient du Mont des Oliviers et jouit d'une excellente réputation. Les pèlerins viennent souvent nous en acheter. Nous la servons également sur la table de notre hôtellerie et de notre monastère. »