P. FRANCESCO PIAZZOLLA Professeur invité - Studium Biblicum Franciscanum Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur. Le Magnificat, le chant de la Vierge, retentit ici à Ein Karem, ce lieu identifié par la tradition byzantine comme l'emplacement de la maison de Zacharie et d'Elisabeth. L'Évangile de Luc nous dit seulement que Marie, après l'annonce de l'ange, s’installe dans un lieu situé dans les montagnes de Judée. Nous sommes à sitti-mariam, c'est-à-dire à la fontaine de la Vierge, où, selon la tradition, a eu lieu la rencontre entre Marie et Élisabeth. Une rencontre au cours de laquelle les deux femmes, inspirées par l'Esprit Saint, chantent de manière prophétique l'œuvre de Dieu dans leur vie. Marie est proclamée bienheureuse parce qu'elle a cru. Elle a la primauté de la foi, comme le Christ a la primauté de l'amour. Nous montons au sanctuaire de la Visitation, le Magnificat. Sur ma droite, vous voyez les montagnes de Judée. Dans ce sanctuaire, l'architecte italien Barluzzi a voulu représenter les moments de l'histoire où la Gloire de Marie a été chantée : "Désormais tous les âges me diront bienheureuse". Nous voilà désormais au Sanctuaire du Magnificat, où Barluzzi a exprimé les gloires de Marie à travers l'histoire. Commentons maintenant brièvement le texte du Magnificat. Marie proclame : "Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur". Toute sa vie est impliquée dans le chant et la célébration de la Gloire de Dieu. Elle-même motive aussi la raison de ce chant. Dieu a regardé l'humilité de Sa servante, la tapeinosis, que nous pourrions traduire par insignifiance : parce que ce qui aux yeux des hommes paraît insignifiant est grand aux yeux de Dieu, et car Il construit son histoire, notre histoire, sur ce qui aux yeux des hommes paraît insignifiant. Le chant de Marie, le Magnificat, qui est inspiré par l'Esprit, célèbre les actions de Dieu comme déjà accomplies : Il a déployé la force de Son bras, Il a dispersé les superbes, Il a renversé les puissants, Il a élevé les humbles, Il a comblé, Il a renvoyé. Dans la langue grecque, tous ces verbes se conjuguent au passé, à l'aoriste. Nous voudrions donc demander à Marie : où as-tu vu ce renversement de situations, comment peux-tu chanter comme ayant eu lieu ce qui n'a pas encore eu lieu ? Marie, comme les prophètes, chante les actions de Dieu qui sont déjà entrées dans l'histoire. Dieu est à l'œuvre, Il fait en sorte que toutes les situations humaines se transforment en bien. Et Marie en a fait l'expérience dans sa vie : Dieu a regardé la petitesse, l'insignifiance de Sa servante. Par deux fois encore, Marie mentionne la miséricorde dans le Magnificat, déclarant : "Sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent". Elle se souvient de sa miséricorde. Ce Rahamim de Dieu, cet amour viscéral de Dieu, n'est pas quelque chose qui est célébré dans le chant comme une sorte d'attente, d'expectative, mais au contraire quelque chose qui est chanté comme étant déjà présent. Dans les psaumes, nous voyons souvent l'homme de prière demander à Dieu de se souvenir de Sa miséricorde. Marie, au contraire, dit que Dieu s'est déjà souvenu de Sa miséricorde, que cette miséricorde est active, présente dans l'histoire. Marie, frères et sœurs, nous invite à chanter la gloire de Dieu par toute notre vie et à reconnaître dans nos histoires que Dieu est à l'œuvre, qu’Il est en train de mener à bien Son plan de salut. Que Marie nous donne, par son intercession maternelle, un regard de foi sur notre vie qui dépasse les horizons humains et nos vues terrestres.