P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Après un voyage de 40 ans dans le désert, les fils d’Israël campent en face de Jéricho. Dieu ordonne alors à Moïse d’aller sur le Mont Nebo, qui fait partie des monts Abarim, à l’Est de l’embouchure du Jourdain. De là, il verra la Terre Promise dont il a rêvé pendant 40 années tout au long de son voyage dans le désert”.
Le Mont Nebo est séparé de Jérusalem par cinquante-cinq kilomètres environ à vol d’oiseau… Les matins où le ciel est particulièrement dégagé, on peut distinguer les toits de la Ville Sainte au delà de la Vallée du Jourdain, juste après l’étendue de la Mer Morte...
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Le Mont Nebo est donc le symbole de la vue de la Terre Promise. C’est cette image que Moïse voit avant de mourir. Et ça, c’est déjà un cadeau, en plus d’être un symbole très important dans la vie humaine. On a toujours sous nos yeux une vision de ce qui nous attend, de ce que Dieu donne”.
LE MONT NEBO
UN REGARD SUR LA PROMESSE
Le Mont Nebo est séparé du plateau transjordanique par sept kilomètres à l’ouest de Madaba. Son sommet le plus élevé atteint 800 mètres et ses cimes les plus basses ne sont pas inférieures à 700 mètres. La plus importante, d’un point de vue historique, est celle de Siyagha … C’est là que les premiers chrétiens gardent la mémoire du regard de Moïse vers la Terre Promise. C’est aussi le souvenir de sa mort. Les textes des anciens pèlerins font référence à cette montagne et au Mémorial construit pour le Prophète.
Le témoignage le plus ancien est celui d’Egérie lors d’un pèlerinage en Terre Sainte au début du Vème siècle :
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Elle raconte qu’elle est partie de Jérusalem, justement pour se rendre au Mont Nebo, en Arabie. La zone au-delà du Jourdain appartenait effectivement à l’époque à l’Empire Romain. Il s’agissait d’une province appelée Province Arabe. C’est ainsi qu’Egérie partit de Jérusalem, traversa le Jourdain à l’endroit où les enfants d’Israël l’avaient traversé pour se rendre en Terre Promise.. Ensuite, au-delà du Jourdain, elle arriva dans une une ville, Livias, et c’est là qu’elle fit la connaissance de quelques prêtres locaux qui l’accompagnèrent jusqu’au Mont Nebo”.
“Ils longèrent la voie romaine qui existe encore en partie aujourd’hui. On peut d’ailleurs observer quelques jalons de cette route dont certains ont été transposés au musée du Mont Nebo en tant que témoignage de cette histoire”.
Egérie raconte qu’en arrivant à la cinquième étape, les prêtres l’invitèrent à quitter la route pour descendre jusqu’à Ayoun Musa, l’endroit de la source de Moïse’.
Ces sources pérennes servent de point de rencontre pour de nombreux habitants de la région encore aujourd’hui, lors des journées les plus arides. Elles portent le nom du Prophète car elles ont été identifiées depuis l’Antiquité comme la source que Moïse avait fait surgir du rocher afin d’étancher la soif des enfants d’Israël.
A partir de cet endroit, Egérie commenca son ascension du Mont Nebo.
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“D’après ce qu’elle écrit, la montée était très difficile et exigeante, mais ils ont tout de même fini par atteindre le sommet. Cet endroit s’appelle aujourd’hui en arabe Ras Siyagha, c’est-à-dire la tête de Siyagha. Il s’agit en réalité du pic le plus exposé de toute la vallée, et non le plus haut du paysage environnant. Arrivée au sommet, elle trouve une petite église où il y avait une chaire à l’intérieur. On aurait dit une chambre funéraire mais surélevée en chaire, comme un mémorial. Cet endroit était à la mémoire de la vision de Moïse”.
Il existe un autre témoignage de voyageur. Il s’agit de celui de l’évêque Pietro Iberico. Il raconte la légende de la naissance de ce Mémorial :
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Il y avait un berger qui faisait paître ses moutons sur la montagne, accompagné d’un saint vieillard. Ce dernier avait la barbe blanche et était paré de magnifiques vêtements. Il s’agissait de Moïse. Il s’adresse au berger : ‘Va, et dis aux habitants d’ici de construire une église à cet endroit’. Le berger s’en va alors voir les habitants du Village de Nebo qui se trouve sur le versant sud de la montagne. Aujourd’hui, on trouve encore des ruines de ce village byzantin à la même place que celle indiquée dans les écrits de Pietro Iberico”.
“Pour se rappeler l'endroit exact où il avait reçu la vision, le jeune berger avait construit des petits tas de pierres, de sorte que, même si la vision avait disparue, il pourrait trouver l'emplacement exact. Ainsi, lorsque les habitants qui l’accompagnaient arrivèrent, la vision de Moïse avait en effet disparue. Cependant, il y avait encore les petits tas de pierres. Ils s’en servirent comme signe du lieu où Moïse avait voulu qu’ils construisent son église”.
P. PIERBATTISTA PIZZABALLA, ofm
Custode de Terre Sainte
“Ce lieu de l’actuelle Jordanie, tout comme avec la Terre Sainte, montrent bien à quel point la tradition chrétienne est cohérente grâce aux fouilles archéologiques tout au long des siècles … Maintenant, avec le travail qu’ils sont en train de faire, de nouvelles preuves voient le jour… Malgré des hauts et des bas, on peut voir comment les chrétiens ont toujours gardé une mémoire cohérente et constante de leurs lieux. Outre sa valeur d’authenticité, ce lieu est un signe de l’enracinement de la tradition chrétienne dans cette terre.
C’est un témoignage extraordinaire d'une mémoire chrétienne de l'Ancien Testament, presque unique en Terre Sainte, que ce lieu où se superposent plusieurs périodes historiques. L’archéologie en témoigne.
DAVIDE BIANCHI
Archéologue
“Nous sommes à l'intérieur de la cellule qui se trouve dans la basilique du Mémorial de Moïse, sur le Mont Nebo. C’est l’endroit le plus important de toute la basilique. On peut dire que c’est la base de ce qui s’est développé ensuite à travers les siècles pour offrir cette importante structure religieuse”.
Le Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem, la Faculté de Sciences bibliques et d’Archéologie de la Custodie de Terre Sainte, a commencé à travailler sur ce site en 1933. Plusieurs campagnes ont été menées, jusqu’à la plus récente, celle du Père Eugenio Alliata et de ses collaborateurs. Il s’agit du directeur du Musée Archéologique de l’Ecole Biblique :
DAVIDE BIANCHI
Archéologue
“Le bâtiment original peut être daté entre le premier et le quatrième siècle après J-C. Il s’agit de données que les archéologues ont rassemblé au fil des années. Ces informations sont très diversifiées et comprennent des recherches étalées sur trois siècles. On comprend alors pourquoi des enquêtes ont été ouvertes à propos de cet édifice très ancien”.
“Par la suite, en janvier, nous sommes passés de la partie externe à la partie centrale de la cellule. Nous avons enquêté sur cette tombe à l'intérieur de laquelle il y avait encore un coffre avec des ossements humains, probablement attribués à une personne importante. On pense qu’il s’agit des ossements d’un des principaux représentants du clergé qui s’était occupé de la reconstruction de la cellule”.
“Dernièrement, en avril 2013, l’intérêt s’est porté sur le premier bâtiment en face. C’est l’édifice le plus ancien, sans doute de l’époque romaine ”.
Ici, aujourd’hui, la Custodie travaille pour achever la basilique qui pourra alors accueillir visiteurs et pèlerins :
ANDREA BOZZO
Assistant de direction des travaux de reconstruction du Mémorial de Moïse
“L'idée de base n'est pas seulement la reconstruction de l’église – ça l’est aussi, au niveau liturgique ... - mais sa subtilité réside dans un système d'affichage qui permet de lire la complexité de toutes ses structures, de toutes ses couches d'interventions ... en fait, sur les murs, on pourra voir directement depuis le site, des mosaïques plus “contemporaines” mêlées aux plus anciennes”.
“Il était impossible d’imaginer une forme qui n’aurait pas été idéale. Alors, tous les signes des traces d’anciennes fortifications ont été ajustés au projet. Dans un objectif d’idéalisation, il a fallu marquer de manière décisive la différence entre l’ancien et le contemporain. Grâce à cette solution, la structure du bâtiment garde tout de même la trace du genre ancien”.
C’est une histoire qui commence avec le père Girolamo Mikaic et le père Sylvester Saller… Grâve à l’initiative et à l’activité de la Custodie de Terre Sainte, ils ont pu bénéficier du terrain sur le Mont Nebo. Là, le père Saller a pu ouvrir les premiers travaux de fouilles, les tous premiers travaux du Studium Biblicum.
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Plusieurs autres Franciscains ont pu apporter leur contribution. Certains en tant que photographes, d’autres en tant que transporteurs, administrateurs ou tout simplement comme aides de chantier. Ce fut donc une mission dans laquelle la Custodie s’est beaucoup investie. Même la population locale, les tribus des Bédouins, se sont impliqués pour surveiller les fouilles lors des opérations mais aussi pour les moments de repos. De cette manière, cette population locale est restée présente en permanence sur le site avec les Franciscains”.
-Hommes AR-
“Cela fait cinq ans que nous travaillons ici, sur le Mont Nebo. Juste ici, dans cette église mais aussi dans l’atelier non loin de là. Nous avons travaillé pour la restauration des mosaïques et des murs... et bien d’autres choses dans cette église”.
“Depuis que nous sommes nés, nous savons que nos pères et nos grands-pères ont travaillé ici, à l’endroit exact où nous nous trouvons, avec les frères et les Italiens. Nous sommes habitués à travailler avec eux, c’est très agréable”.
“Nous n’avons aucun problème avec nos différentes traditions religieuses. C’est tout le contraire, on se sent très bien ici, nous avons toujours vécu ensemble dans l’amitié et la fraternité”.
“Nous avons un beau travail et nous apprenons beaucoup d’eux, beaucoup de choses notamment en ce qui concerne l’architecture et la restauration. Ils nous ont ouvert la porte et nous ont formés. Celui qui est expérimenté et formé apprend petit à petit toujours un peu plus. C’est alors une nouvelle manière de travailler”. (
Les Franciscains et les Bédouins … Une histoire qui perdure jusqu’à aujourd’hui. C’est l’occasion pour ces jeunes d’apprendre un métier et de connaitre de manière plus profonde leurs racines:
FRANCO SCIORILLI
Mosaïste et restaurateur
“Nous essayons de travailler avec tout ce que le pays nous offre. Le pays nous offre certaines technologies ? Nous tentons de les intégrer dans notre travail, d’utiliser ces technologies à notre disposition. Les matériaux ? Nous cherchons à utiliser le plus possible les matériaux locaux. Bien évidemment, lorsqu’on enseigne aux locaux une certaine action et qu’ils ne peuvent finalement pas s’acheter le matériel adéquat, leur travail semble alors nul et ne sert à rien. C’est pourquoi il vaut mieux trouver ce que le pays peut offrir. Grâce à ce programme, nous produisons maintenant notre propre chaux selon la méthode du temps des Byzantins et des Romains. Nous avons construit notre chantier à partir des réservoirs où nous avons fait décanter la chaux pendant un an minimum. Nous l’utilisons ensuite pour restaurer la mosaïque mais aussi pour consolider les murs. C’est donc bien un produit local”.
Au Village de Nebo et dans toute la région environnante, les plus belles mosaïques de l’Ecole de Madaba sont apparues. Il s’agit de l’école la plus durable, importante et connue en ce qui concerne l’époque byzantine.
FRANCO SCIORILLI
Mosaïste et restaurateur
“Nous avons un exemple, ceci est une mosaïque qui vient de Al Mukhayat, la vieille ville de Nebo. C’est une mosaïque importante car à la fin des années 80-90, elle a parcouru l’Europe afin de faire connaitre la Jordanie et ses mosaïques, art typique de ce pays. Celle-ci doit dater du début du VIIème siècle – Nous en avons trois très belles ici, dont celles de Mukhayat et du Mont Nebo – Nous avons cette mosaïque dite du Prêtre Giovanni ainsi qu’une autre des Saints, qui se trouve toujours à Nebo. Enfin nous avons cette mosaïque importante, premier baptistère de la basiliqu,e où les artistes de l’époque se sont vraiment surpassés”.
La tradition de la mosaïque a connu une renaissance grâce à l’Ecole de restauration à Madaba, sous la direction du père Michele Piccirillo. Lors de la campagne du père Corbo, le père Piccirillo a été le troisième Franciscain à travailler au Mont Nebo. Il repose aujourd’hui à côté du père Mikaic, juste ici, dans la cour du couvent franciscain de Siyagha :
P. EUGENIO ALLIATA, ofm
Directeur de la mission archéologique du Mont Nebo
“Il a vraiment transformé cet endroit. On est passé d’un lieu abandonné en plein milieu du désert à un des sites les plus visités de toute la Jordanie. Ce n’est pas seulement grâce à ses découvertes, notamment celle d’une des plus belles mosaïques de Jordanie sur le Mont Nebo, mais également grâce à son activité publicitaire intense. Il a fait connaitre au monde entier la beauté de ces mosaïques et l’importante histoire de ce pays, certes éloigné, aux confins du désert, qui a néanmoins eu une influence considérable sur la civilisation”.
ANDREA BOZZO
Assistant de direction des travaux de reconstruction du Mémorial de Moïse
“De nombreuses personnes viennent apprécier l’histoire, apprécier le travail effectué et profiter du lieu. Mais ce lieu n’aurait pas eu cette importance considérable sans l’imaginaire développé autour du paysage de la Terre Promise. Selon moi, ceci est un élément fondamental qu’il faut protéger et préserver”.
P. PIERBATTISTA PIZZABALLA, ofm
Custode de Terre Sainte
“En plus d'être un endroit merveilleux avec une vue imprenable sur le désert, les plaines de Moab dont il est question dans le livre du Deutéronome, on peut apercevoir la ville sainte Jérusalem. C’est un lieu rempli d’émotions et de souvenirs bibliques”.
A l’endroit où il y a encore cent ans tout était désert, on trouve donc aujourd’hui un des lieux les plus visités de Jordanie... Les souvenirs des anciens pèlerins ressurgissent et le regard se perd, face à la Promesse.
La procession quotidienne de Bethléem, dans sa simplicité, dans sa beauté, est une école de foi. C’est un rendez-vous, une catéchèse qui accompagne à travers les différentes étapes de la foi, dans la contemplation, dans la méditation et donc dans une croissance toujours plus consciente du mystère du Dieu fait homme.
Dans le deuxième épisode de la série spéciale sur Bethléem, le P. Carlo Giuseppe nous parle de l'importance de Bethléem pour l'Église, en tant que l'un des lieux principaux de l'histoire du salut.
Ce mois-ci, embarquons pour un voyage spirituel avec le P. Carlo Giuseppe Adesso, conférencier en histoire de l'Église du diocèse de San Marino-Montefeltro, pour découvrir certaines particularités de la basilique de la Nativité à Bethléem.
L'annonce de la Résurrection, les célébrations, les campagnes de restauration dans la Basilique du Saint Sépulcre où c'est toujours Pâques pour le Seigneur. Le tombeau vide l'atteste, l'Évangile le proclame : le Seigneur est vraiment ressuscité !
Les Salésiens de Don Bosco suivent le charisme de Saint Jean Bosco : dédier sa vie aux jeunes, la relation avec Dieu en tant que personne consacrée et la vie en communauté. Présents en Terre Sainte depuis 1893, les salésiens ont 5 maisons permettant de diversifier leurs activités et leur accompagnement auprès des jeunes.
En cette année de Saint-Joseph, un dossier spécial sur le gardien du Rédempteur en direct de Nazareth avec des interviews et des visites des lieux saints où saint Joseph a vécu avec Marie et Jésus : la Sainte Famille.